Marco Lodoli, Tanto poco
Tanto poco
- Marco Lodoli
- Einaudi
- 2024
n petit miracle ce roman qui, en un peu plus de 90 pages, raconte une vie, 40 ans de passion obsessionnelle et/ou recherche de l’absolu...
Le roman raconte l’amour silencieux d’une concierge sans nom pour un professeur de lettres « précipité dans le temps, entre illusions, chutes et ambitions artistiques égarées ». Lodoli a souligné dans une interview que l’histoire joue « sur le contact entre temps et éternité, entre l’échec existentiel obligatoire et la recherche obstinée d’un absolu ».
« Tanto poco – Si peu » est un oxymore, figure de rhétorique qui se reflète de différentes manières dans le texte. C’est, par exemple, le personnage le plus humble, concierge dans une école de Rome, celui qui en apparence connaît l’amour le plus élevé, même si elle ne se lie et ne se révèle jamais à Matteo, le jeune professeur de lettres. C’est un véritable coup de foudre celui qui amène la concierge à suivre les exploits du professeur Romoli de loin, se contentant d’un regard, d’une salutation, en acceptant même qu’il l’appelle avec un mauvais prénom, « Caterina ».
Nous pourrions même voir, entre les lignes de cette dynamique, une subtile parodie de la tradition de l’amour courtois.
« Tanto poco – Si peu » : est-ce la récompense que la concierge, ignorante et pourtant éduquée à la sagesse par une vie difficile et brutale, trouve à la fin de son existence ? Ou, « si peu », est ce que la vie nous offre ?
L’amour est « un rêve solitaire sans fin, une insulte à la tristesse, un crachat dans le visage du destin… », mais c’est seulement ainsi que sa flamme atteint le ciel, au lieu de se limiter à éclairer, pendant un moment, la cheminée d’une maison avant que le feu s’éteigne dans l’habitude.
Échec ou réussite ? L’important est que la force du désir triomphe et c’est le véritable moteur de cette histoire. Ce livre fascinant et troublant se lit très vite et continue à vivre en nous, même bien après avoir tourné la dernière page.
