Titre original en italien : Quello che affidiamo al vento
« Quel mal y a-t-il, se dit-elle, à parler à ceux qui ne sont plus ? Il suffisait d’accepter que ses mains ne touchent que le vide, que l’effort de mémoire parvienne à combler les failles, que la joie d’aimer se borne à donner, sans plus recevoir. »
Laura Imai Messina, Ce que nous confions au vent
C
onnaissez-vous le téléphone du vent ? Il s’agit d’un concept imaginé en 2010 par Itaku Sasaki. Après la mort prématurée d’un cousin proche, ce japonais à la retraite décida d’installer une cabine téléphonique, reliée à aucun réseau, dans son jardin, situé à Ōtsuchi (préfecture d'Iwate), dans le nord-est du Japon. Le but ? Prolonger le dialogue avec son cousin défunt et continuer à honorer sa mémoire. L’année suivante, un terrible tsunami frappait le pays et tout particulièrement la ville d’Ōtsuchi, où un habitant sur dix trouva la mort dans la catastrophe. Monsieur Sasaki décida alors d’ouvrir son jardin au public afin de permettre à toute personne endeuillée de se recueillir à l’intérieur de la cabine téléphonique et de « communiquer » avec ses morts. Depuis, ce lieu hautement symbolique de la spiritualité japonaise, ne cesse d’accueillir, chaque année, des milliers de personnes, de tout horizon, souhaitant soulever le combiné et confier leurs pensées au vent.
C’est précisément à ce lieu insolite du Japon que rend hommage le dernier livre lu par notre club de lecture : « Quel che affidiamo al vento » / « Ce que nous confions au vent » de Laura Imai Messina. Dans ce magnifique roman, l’autrice italienne, qui vit depuis de nombreuses années au Japon, met en scène deux personnages très attachants : Yui et Takeshi ; deux rescapés du tsunami, ayant perdu leurs êtres les plus chers dans la catastrophe. Leur première rencontre a lieu sur le chemin les conduisant au téléphone du vent, où seulement Takeshi aura la force (l’envie ?) de décrocher le combiné et parler à sa femme décédée. Il faudra en revanche beaucoup de temps à Yui pour réaliser le même geste : le temps de l’acceptation, du deuil et de la reconstruction. Ce chemin, Yui le parcourra à côté de Takeshi, devenu en peu de temps un ami et un repère irremplaçable. Il sera fait de confidences, de silences, de souvenirs à la fois doux et douloureux, mais surtout, d’une infinie bienveillance.
Ce roman, rempli de grâce, de douceur et de spiritualité, nous a énormément touchés. Il donne matière à réfléchir et fait un bien fou ! Un vrai baume pour tout cœur cabossé. A lire absolument !!!